Mis à jour le 06/09/2018. Publié le 18/08/2018
Saviez-vous que la méditation aide aussi le corps à se soigner ? En plaçant la santé à portée de souffle, l’art de faire silence en soi s’affirme comme un nouvel outil médical de plus en plus utilisé dans les hôpitaux.
Épaules relâchées, mâchoires détendues, yeux mis clos, vous suivez tranquillement le flux d’air qui va et vient par vos narines, emplit vos poumons. Votre cage thoracique prend ses aises. Un sourire s’esquisse. Ça y est ! Vous baignez dans l’état méditatif qui apporte sérénité et santé.
Santé ? "Plus de mille études américaines ont démontré les bienfaits de la méditation sur l’organisme", argumente Marc de Smedt, éditeur, écrivain et journaliste français, spécialiste des techniques de méditation et des sagesses du monde.
Le repos qu’elle procure est plus profond que celui atteint pendant le sommeil. La respiration associée consomme moins d’air tout en procurant une oxygénation accrue des poumons. Et le corps produit moins de déchets ! Elle agit sur le système hormonal, vasculaire et musculaire, augmente l’immunité, régule la sensibilité à la douleur.
L’auteur du best-seller "Petit cahier d’exercices de méditation au quotidien", constamment réédité chez Jouvence, salue "l’efficacité prouvée dans les hôpitaux et le développement d’un mouvement de méditation laïque à l’échelle mondiale."
La méditation réduit la pression artérielle et les douleurs chroniques
Selon Elodie Garamond, la fondatrice du très dynamique Yoga Tigre Club&Spa, toutes les méditations sont bonnes mais la technique dite de « pleine conscience » a fait l’objet d’études scientifiques plus intensives que ses sœurs : "La méditation laïque (son autre nom) s’émancipe de toute religion pour miser sur le versant thérapeutique", analyse l’enseignante en yoga. Les neurosciences ont largement exploré ses bienfaits sur le métabolisme suite aux travaux de l’Américain Jon Kabat-Zinn, le père de cette nouvelle pratique.
Le docteur en biologie moléculaire du M.I.T. (Massachussets Institute of Technology), la plus prestigieuse des universités américaines) a mis au point dans les années 70 la thérapie de "réduction du stress fondée sur la pleine conscience" (MBSR). Ordonnance ? Une demi heure de pleine conscience par jour, pendant 8 semaines. Résultats : une baisse de la tension artérielle chez les sujets hypertendus, de nettes améliorations dans des maladies comme le trouble anxieux généralisé et la dépression, mais aussi dans les douleurs chroniques et les maladies de peau, psoriasis en tête.
Aux États-Unis, 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent désormais la MBSR, et environ 700 à travers le monde. Les effets sont si probants que la Sécurité sociale britannique la prend désormais en charge.
La méditation permet une meilleure oxygénation du cerveau
Sur le plan physiologique, que se passe-t-il exactement ? "Le travail de la respiration est fondamental. On se connecte à elle par une simple prise de conscience de l’inspiration et de l’expiration ; c’est un outil accessible à tous, enfants compris", précise Elodie Garamond. À la clé de cette conscientisation du souffle, une augmentation de la capacité et du mouvement respiratoires. L’oxygène se diffuse mieux dans le corps et surtout le cerveau, d’où la sensation de clarté quasi immédiate.
L’imagerie médicale, et notamment l’EEC -électroencéphalogramme- a montré que la pratique méditative booste la création de nouvelles connexions neuronales. Elle améliore aussi le fonctionnement du cortex préfrontal. Dédié à la gestion de nos émotions, ce dernier permet de prendre du recul, de développer intuition et créativité. Il circonscrit les méfaits du stress et limite les émotions négatives comme la peur ou la colère.
"La méditation équilibre les degrés d’excitation des deux hémisphères cérébraux. Ce point d’équilibre des intelligences et des sens facilite l’harmonie entre corps et esprit. Il plonge l’être dans un état d’expérience élevé qui favorise l’intégration psycho thérapeutique. C’est une ressource précieuse à une époque qui génère de plus en plus de déséquilibres psychosomatiques", affirme Marc de Smedt.
Testée et approuvée en milieu médical, la méditation est désormais enseignée à l'université !
Amélioration de la concentration, harmonisation de l’humeur… Les milieux médicaux ne s’y sont pas trompés. Autre technique laïque plébiscitée : la MBCT (thérapie cognitive basée sur la pleine conscience) est utilisée aux Etats-Unis dans plus de 200 hôpitaux pour contrer la rechute de personnes déprimées. À Paris, le très pointu hôpital St Anne propose des cours de méditation médicale.
À l’université de Strasbourg, le diplôme "Médecine, Méditation et Neurosciences" attire de plus en plus de vocations. "Le corps a ses propres dynamiques du bien-être. La méditation l’aide à mettre en place ses antidotes. Plus on fait le silence intérieur, plus l’équilibrage se fait spontanément", résume Elodie Garamond, qui insiste sur la nécessité d’une pratique quotidienne. "Dix minutes suffisent. Le challenge est de tenir sur la durée. Il y a plein de petits moments de la journée où c’est possible." À vous de trouver les vôtres.